Depuis plusieurs annĂ©es, le cinĂ©ma de genre indĂ©pendant sâimpose au sein de lâindustrie cinĂ©matographique de diffĂ©rentes nationalitĂ©s. De nombreux auteurs français ont su se diversifier Ă lâinternational, en empruntant Ă plusieurs styles et sur plusieurs continents, tels Alexandre Aja ("Haute Tension", "La Colline a des yeux", "The Mother Land") ou Xavier Gens ("FrontiĂšres", "Gangs of London", "Sous la Seine"). Cependant, ce sont surtout les autrices qui ont perfectionnĂ© leur style indĂ©pendant et accaparĂ©e le pur cinĂ©ma de genre, en France ou Ă lâĂ©tranger. Les deux plus grandes reprĂ©sentantes en sont Julia Ducournau et Coralie Fargeat, qui proposent des Ćuvres fascinantes grĂące Ă un point de vue fĂ©minin et Ă des thĂšmes sociaux modernes. Dans "Titane", Ducournau aborde les questions dâidentitĂ© et dâavortement, tandis que Fargeat explore le thĂšme du viol dans "Revenge". Ces Ćuvres insufflent un vent de fraĂźcheur dans le cinĂ©ma français et international. Ducournau sâinscrit dans le genre de lâhorreur sociale et rĂ©aliste avec "Grave" en 2017, puis atteint la consĂ©cration avec "Titane" en 2021 et sa Palme dâOr, faisant d'elle une des meilleures artistes de la nouvelle gĂ©nĂ©ration. Sa collĂšgue Coralie Fargeat nâa pas encore atteint ce niveau de reconnaissance, mais elle s'est fait remarquer avec son premier long mĂ©trage, "Revenge" (2017), un film de "Rape and Revenge" sans surprise notable, mais avec des acteurs investis et une stylisation marquĂ©e de la violence.
Ă Cannes 2024, Fargeat a diffusĂ© son second long mĂ©trage, "The Substance". Ce thriller fĂ©minin explore le thĂšme du corps fĂ©minin et de son vieillissement dans le show-business, Ă travers un traitement appelĂ© "The Substance". Le film rĂ©unit des acteurs tels que Dennis Quaid et Margaret Qualley, avec la symbolique prĂ©sence de Demi Moore, figure dâune gloire passĂ©e. PrĂ©sentĂ© comme un film choquant par ses thĂšmes et ses images, il a triomphĂ© Ă Cannes en remportant le prix du scĂ©nario, faisant de lui l'une des Ćuvres les plus attendues de cette fin d'annĂ©e 2024. "The Substance" prolongera-t-il la carriĂšre de Fargeat, amorcĂ©e avec "Revenge", comme ce fut le cas pour Ducournau avec "Grave" et "Titane" ?
Un seul mot : prĂ©parez-vous ! La proposition de Fargeat est Ă la hauteur des attentes de Cannes. "The Substance" est une Ćuvre forte, offrant une descente en enfer pour ses protagonistes. Demi Moore incarne Ă la perfection Elisabeth Sparkles, une ancienne gloire des annĂ©es 90, tout en opposition avec la jeunesse sensuelle et perverse de Sue, incarnĂ©e par Margaret Qualley, qui rayonne de son charme. Ce casting fĂ©minin nâest pas anodin : Coralie Fargeat a soigneusement choisi ses actrices, tandis que Dennis Quaid campe un producteur tĂ©lĂ©visuel vĂ©reux. La rĂ©alisatrice dĂ©forme la rĂ©alitĂ© en prĂ©sentant Hollywood comme un monde fĂ©erique, vu Ă travers le regard dâune ancienne star du petit Ă©cran dont la beautĂ© et la sensualitĂ© ont disparu.
Cette disparition amĂšne le thĂšme du vieillissement et de la dĂ©chĂ©ance, Fargeat cherchant Ă crĂ©er un malaise constant par des plans Ă©cĆurants. La beautĂ© cĂŽtoie la laideur, le monstrueux le sublime, le dĂ©goĂ»t le dĂ©sir. Ce dĂ©sir est caractĂ©risĂ© par des plans mettant en avant la plastique de Margaret Qualley. Ce dĂ©sir parfois volontairement dĂ©noncé (comme le faisait Fargeant sans grande subtilitĂ© dans son premier film « Revenge ») toutefois pouvant quelques fois ĂȘtre Ă la limite du too-Much voir vulgaire (scĂšnes des chorĂ©graphies de danses) un comble pour un film se voulant extrĂȘmement FĂ©ministe dans son propos.Â
Cette volontĂ© FĂ©ministe est pourtant assurĂ©ment notable et absolument respectable car le film de Coralie Forgeant pose ici un constat sur le beau , le sublime , principalement du point de vue esthĂ©tique par la beautĂ© fĂ©minine, on pourrait parlĂ© ici du fameux propos : « le mieux est lâennemi du bien » se concrĂ©tisant par cette substance se voulant une meilleure version de soi-mĂȘme , le film rĂ©ussissant intelligemment durant ses 2h20 a dresser cette prise de substance pouvant parfois ĂȘtre Ă la limite du surrĂ©alisme en gardant un certains rĂ©alisme qui ne sera quâillusion durant la premiĂšre heuresâŠ.
"The Substance" est une Ćuvre qui se digĂšre. Bien que le film soit parfois lent, il prend le temps dâexposer chaque situation, de dĂ©velopper son concept avant une inĂ©vitable descente aux enfers pour Elisabeth.Â
Choquant, oui le film lâest, mais ne cherche pas Ă mettre au visage du spectateur sang et tripes, mais laisse pleinement mettre en place les enjeux afin de basculer dans son dernier acte vers un spectacle cauchemardesque rendant au body-Horror ses plus belles heures au grand Ă©cran , malgrĂ© un trop grand sur lignage des procĂ©dĂ©s ainsi quâune rĂ©pĂ©tition des enjeux et des mises en place de lâalter ego ce qui entache notre façon de dĂ©couvrir avec surprise les Ă©vĂ©nements de lâintrigue ce qui explique un trop-plein de 10-15 minutes un peu trop longue et redondante , cette reprise de code de lâhorreur lie lâĆuvre de Fargeat a nombres dâhommages extrĂȘmement bien dissimulĂ© du paysage cinĂ©matographique par ses plan et focal fleuretant avec les longs couloirs malaisant de Shining oĂč son goĂ»t de la chair et du sang ( dixit Paul Verhoeven) reprenant avec assurance les thĂšmes les plus chers de David Cronenberg dont la Mouche et Videodrome Ă©tant ses plus fortes inspirations impliquant des cadres de camĂ©ras trĂšs bien travaillĂ© pour enfermer le spectateur dans ce grand appartement luxueux et sa salle de bain au carrelage si blanc quâil en est presque dĂ©rangeant et glaçant, sans oublier les sons stridents injectĂ©s tout au long du long mĂ©trage laissant place Ă un profond malaise environnant.
En rĂ©sumĂ©, "The Substance" est une Ćuvre dĂ©routante, volontairement provocatrice et fascinante. Coralie Fargeat livre un film dĂ©goĂ»tant et captivant, posant une reflexion sur l'obssession de la beauté et ses limites sur la quete de la perfection , sur les regards empruntant au pur style de lâhorreur et inspirĂ© de Cronenberg et Mario Bava. Fargeat suit avec succĂšs la voie de Julia Ducournau et "Titane", offrant un OVNI cinĂ©matographique qui marquera lâhistoire du film de genre le plaçant inlassablement dans les films les plus marquant de lâannĂ©e 2024, Offrant a Coralie Fargeant "Une Meilleur version d'elle-meme"