Marvel est en mission. En effet, il faut le dire, les studios de la maison mère semblent à un point mort, se cherchant constamment. L'introduction au monde quantique avec Ant-Man et la Guêpe : Quantumàia a été un échec qui lui vaudra plus tard les démêlés judiciaires de Jonathan Majors mettant en péril l’avenir scenaristique, et si l'exploit de Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 a brillé, on ne peut en dire autant du fade The Marvels. À cela s’ajoute la bombe à retardement Deadpool and Wolverine, qui semble avoir ravivé un léger engouement grâce à son succès auprès du public.
Ainsi, tout comme en 2023, Marvel Studios se retrouve dans une position délicate. Ils continuent d’annoncer un planning risqué de trois films par an, sans garantie de succès. Entre un Thunderbolts qui, pour l’instant, laisse un arrière-goût de Suicide Squad aseptisé et dépassé, et le projet des 4 Fantastiques : First Steps prévu pour juillet prochain , intriguant curieusement par son style , et son rôle d’introduction pour Avengers : Doomsday et Secret Wars , le studio naviguant en eaux troubles.
Notre film du jour, Captain America 4 : Brave New World, reste cependant le projet le plus brûlant à venir. Il s’agit de perpétuer l’héritage de Steve Rogers sous le masque du Faucon, comme introduit dans Falcon and the Winter Soldier. Pourtant, Anthony Mackie risque de souffrir de la comparaison avec Chris Evans. Le film inclut également, plus par fan-service que par réelle volonté artistique, le Red Hulk, incarné par le Général Thaddeus “Thunderbolt” Ross, désormais interprété par Harrison Ford.
À cela s’ajoutent des problèmes de coulisses : explosion des coûts de production, soucis d’écriture et de post-production. Tout cela fait de ce film une sorte de cadeau empoisonné, davantage un épisode de transition dans une série qu’une véritable œuvre audacieuse et visionnaire ouvriràt une nouvelle voie au sein d’un univers cinématographique en perdition . Marvel semble pourtant s’éloigner des récits multiversels, fantastiques et surchargés d’effets spéciaux qui l’ont rendu célèbre, pour s’orienter vers un film d’espionnage géopolitique plus terre-à-terre. Cette approche rappelle The Winter Soldier, notamment par le changement de titre du film, passé de New World Order à Brave New World, une référence au Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley.
Reste à savoir si Captain America 4 : Brave New World sera l’œuvre fade et oubliable tant redoutée ou une bonne surprise, apportant un (léger) vent de fraîcheur par son style volontairement plus ancré dans le réel.
L'issue était prévisible, mais désormais confirmée : ce nouvel opus des aventures de Captain America s'impose comme un épisode de transition insipide dans un univers cinématographique qui, trop souvent, adopte une posture moribonde, s'appuyant sur des enjeux mineurs, voire inexistants. Cette affirmation se vérifie pleinement dans ce 35e volet, où aucun enjeu dramatique ne parvient à s'imposer. Des thématiques potentiellement intéressantes sont balayées d'un revers de main pour offrir une œuvre marquée par un ennui certain, malgré une durée relativement courte de 1h58. Le film manque cruellement de rythme et d'ambition artistique – un défaut hélas devenu courant chez Marvel.
Son principal échec réside dans sa tentative maladroite (selon votre serviteur) de vouloir à tout prix égaler Captain America : Le Soldat de l’Hiver. Ce dernier avait su habilement marier le film d’espionnage pur avec les codes du cinéma de super-héros. À l’inverse, Brave New World s’enlise dans une surenchère d’effets spéciaux laborieux, culminant dans un climax précipité et insipide. La conclusion finale, loin de satisfaire, donne l’impression de stagner plutôt que de réellement faire avancer ses personnages.
Le film aurait pu offrir une belle réflexion sur l’héritage et la passation du costume de Captain America au personnage de Sam Wilson (le Faucon). Malheureusement, cet aspect n’est qu’effleuré. Sam Wilson, interprété par Anthony Mackie, peine à tirer son épingle du jeu et à se hisser à la hauteur de son prédécesseur, Chris Evans. Cette difficulté laisse un arrière-goût amer quant à l’avenir du personnage, notamment en vue de son rôle éventuel dans Avengers : Doomsday. Les personnages secondaires gravitants autour de Sam ne sont guère mieux lotis. Le général devenu président Ross, incarné par Harrison Ford, ne gagne en intérêt qu’à partir des vingt dernières minutes, mais Ford semble lui-même peu convaincu par son rôle, ce qui nuit à la crédibilité du personnage et au changement d’acteur.
Quant aux antagonistes, leur grand nombre (trois !) dilue toute véritable menace. On oscille entre un terroriste ringard, ressemblant fortement à Blade, interprété par un Giancarlo Esposito qui semble répliquer son rôle de Gustavo Fring, et une menace principale à peine esquissée, caricaturale et clichée. Cette faiblesse dans l’écriture rappelle douloureusement le véritable ennemi de Le Soldat de l’Hiver, tout en cherchant maladroitement à établir des ponts entre les deux films.
Cette volonté de raccrocher les wagons se manifeste également par des liens forcés avec L’Incroyable Hulk (2008), à travers le retour du général Ross et l’introduction de Sterns en tant qu’antagoniste. Bien que ces connexions soient parfois amusantes, elles peinent à légitimer pleinement ce film souvent considéré comme un faux pas dans le MCU.
Un des rares éléments ayant suscité un certain intérêt réside dans la présence de Red Hulk, largement mise en avant dans la promotion du film. Pourtant, son apparition dans les vingt dernières minutes se révèle être un véritable soufflé qui retombe , déjà éventée par la campagne marketing. Si sa brève apparition, d’une dizaine de minutes, apporte un moment de satisfaction par la puissance de la créature, elle reste frustrante compte tenu de l’importance annoncée. Ce choix illustre encore une fois l’excès des bandes-annonces modernes, qui en montrent toujours trop au détriment de l’effet de surprise.
En conclusion, Captain America : Brave New World n’est qu’une longue succession de soupirs d’ennui tout au long de ses deux heures. Il tente de s’ériger en digne héritier de Le Soldat de l’Hiver, mais sans en avoir ni les enjeux, ni l’impact. Paresseux tant dans sa forme que dans son fond, il laisse un goût amer, malgré un Red Hulk divertissant mais sous-exploité, et des effets spéciaux parfois douteux. Le film, toujours en quête de son identité, ne parvient qu’à irriter par ses promesses non tenues et sa publicité mensongère.
Captain America : Brave New World (2025)
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